Dans l’imaginaire collectif, on se représente souvent une personne immigrée comme un homme seul autour de la vingtaine. Pourtant, les chiffres donnent à voir une tout autre réalité : les migrants sont aussi des migrantes et elles représentent 52% des personnes arrivées en France. Ces femmes, en plus de souffrir d’un problème d’invisibilisation, sont soumises à des problématiques différentes de leurs homologues masculins entre violences sexuelles et sexistes et difficultés accrue d’accès à l’emploi. C’est d’ailleurs le sujet de la semaine de l’intégration 2024, organisée par le ministère de l’intérieur qui s’est tenue du 14 au 18 octobre dernier.
Un accès plus difficile à l’emploi
L’accès à l’emploi était un sujet phare de cette semaine. En effet, les femmes migrantes rencontrent plus de difficultés pour accéder à l’emploi. Elles sont notamment handicapées par des nécessités de faire garder les jeunes enfants ou des difficultés de mobilités. Lorsqu’elles trouvent un emploi celui-ci est souvent précaire, à temps partiel et dans un métier dit « féminisé ». Dans un marché du travail très fortement genré, la non-reconnaissance de diplômes étrangers pour certaines professions comme infirmier ou professeur est un frein d’accès à l’emploi.
Un exil marqué par leur genre
Les causes et conditions de l’exil des femmes sont aussi marqués par leur genre. Tout d’abord, celui-ci peut être moteur d’une migration : mariage forcé, violences conjugales et familiales, violences sexistes, menace de mutilations sexuelles ; autant de raisons qui peuvent pousser les femmes à partir en exil. Bien que le droit d’asile pour les personnes victimes ou menacées de persécutions liées au genre ou à l’orientation sexuelle soit explicitement reconnu en France, leurs dossiers peuvent être plus difficiles à défendre en raison du caractère intime des persécutions subies et donc d’une réticence à relater les faits.
Ensuite, les femmes, lors de leur exil, sont exposées à des violences systémiques et répétitives, la plupart du temps sexuelles. Cela laisse des traumatismes qui ne viennent que compliquer leur intégration sur le territoire d’accueil, d’autant plus que cela ne prend pas forcément fin sur le sol français. Une étude de la revue scientifique The Lancet donne le constat glaçant que les nouvelles demandeuses d’asile ont 9 fois plus de risques de subir des violences sexuelles et 18 fois plus d’être victimes de viol que le reste de la population. Elles sont également plus susceptibles d’avoir recours à la prostitution et donc de subir les violences associées.
RAJFIRE, un collectif pour leur venir en aide
Face à ce triste constat, le collectif féministe RAJFIRE crée en 1998, se donne pour mission d’accompagner les femmes migrantes et exilées, avec pour zone d’action Paris et la région Ile de France.
Les bénévoles engagées dans l’association aident chaque année une centaine de femmes dans les démarches de demandes d’asile, d’accès au droits sociaux ou de respect du droit des femmes.
Elles mènent leurs actions dans le cadre de la Maison des Femmes de Paris, un espace d’initiatives et de solidarité féministes. Cet espace d’accueil non mixte est une nécessité selon RAJFIRE afin de lutter contre leur invisibilisation et permettre à ces publics, particulièrement soumis aux violences et persécution de genre, d’oser prendre la parole et gagner en autonomie. Là-bas, les femmes peuvent également trouver un accompagnement psychologique et éducatif, notamment pour l’apprentissage du français.
23prigent pour FéMINistes
Sources : Rajfire, ASH, Ministère de l’Intérieur